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    • Une ingénieure en intelligence artificielle chez Neotex.ai enregistre du bétail à l’aide de l’application Halisi Livestock (avec l’autorisation de Neotex.ai)
    • Une fraude d’identité animale détectée par reconnaissance faciale grâce à l’application Halisi Livestock (avec l’autorisation de Neotex.ai)
    • Jenny Ambukiyenyi Onya, co-fondatrice de Neotex.ai, la start-up qui a créé l’application Halisi Livestock (avec l’autorisation de Neotex.ai)
    • Des éleveurs de vaches bénéficiaires de microcrédits grâce à l’application Halisi Livestock, promènent leurs troupeaux de moutons et de bœufs dans le comté de Kajiado, au Kenya (avec l’autorisation de Neotex.ai)
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Source: African Development Bank Group (AfDB) |

Journée mondiale des compétences des jeunes : Pour Jenny Ambukiyenyi Onya, Intelligence Artificielle (IA) est un formidable outil pour transformer le bétail des éleveuses africaines en source de financement

L’entreprise Neotex.ai qu’elle a créée, a déployé ses services dans de nouvelles zones rurales au Kenya, enregistrant plus de 1 250 têtes de bétail et prouvant la viabilité de son modèle

Grâce à des algorithmes de reconnaissance biométrique, notre IA analyse les traits uniques de chaque animal et génère une identité numérique infalsifiable

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 15 juillet 2025/APO Group/ --

Un chemin de terre au Kenya. Une chaleur lourde pèse sur la savane environnante. Un agent de crédit s’approche d’un troupeau de bœufs, et dégaine un smartphone de sa poche. Aux côtés de la propriétaire, une femme au regard fier et méfiant, il photographie un mufle. À des centaines de kilomètres de là, un algorithme d’intelligence artificielle vient de transformer cet animal en un actif bancaire.

Cette scène illustre la révolution silencieuse menée par Jenny Ambukiyenyi Onya. Cette jeune ingénieure congolaise a décidé de s'attaquer à un paradoxe qui bloque des millions de femmes vivant en zones rurales dans la précarité. Le défi est à une échelle vertigineuse. L’Afrique subsaharienne compte environ 200 millions de petits exploitants agricoles, dont une part importante pratique l’élevage. Les femmes représentent jusqu'à 60 % d’entre eux, une force économique de 80 à 120 millions d'éleveuses rurales.

Cependant, cette force est quasi invisible aux yeux du système financier. Des études menées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montrent que les femmes ne reçoivent que 10 % des crédits destinés aux petits exploitants et à peine 1 % des crédits agricoles. Résultat ? Une écrasante majorité, estimée entre 70 et 115 millions d'entre elles, sont de fait exclues du système formel.

Leur richesse : leur troupeau, est leur compte d'épargne. Mais sans un moyen fiable de documenter leur cheptel, comment prouver la possession de dix vaches ? Les méthodes traditionnelles, comme les boucles auriculaires, sont fragiles et faciles à falsifier, rendant toute vérification par un banquier quasi impossible et transformant l'actif le plus précieux d'une femme en une garantie invalide.

« C'est en croisant ces deux réalités, à savoir un besoin de fiabilité sur le terrain et une capacité technique en interne, que l'idée a émergé : pourquoi ne pas appliquer l'IA à la reconnaissance des actifs comme le bétail ? », explique Jenny.

Sa solution, Halisi Livestock, fonctionne comme la reconnaissance faciale pour les humains. « Avec un simple smartphone, un agent de crédit peut prendre une photo du visage d'une vache, détaille-t-elle. Grâce à des algorithmes de reconnaissance biométrique, notre IA analyse les traits uniques de chaque animal et génère une identité numérique infalsifiable ».

C’est ici que les points se connectent pour déverrouiller l’accès au financement. D’abord, cette identité numérique donne à l'éleveuse un moyen légitime et incontestable de recenser et de valoriser son troupeau. Puis, cet inventaire numérique devient une preuve de possession irréfutable, transformant un actif mouvant en une garantie tangible. En d’autres termes, le troupeau devient une garantie fiable. Enfin, cette preuve de garantie, vérifiable à distance, donne le confort nécessaire aux institutions financières pour débloquer des financements.

« Pour une institution financière, ce n'est plus une estimation approximative, mais une donnée concrète et fiable. On ne parle plus d'un profil « informel », mais d'un actif numérique enregistré, vérifié et intégré dans un portefeuille structuré », résume Jenny. La confiance, bâtie sur les données, ouvre enfin les portes du crédit.

Le passage d'une innovation prometteuse à une solution à grande échelle a été réalisé grâce au programme « Enhancing Women Entrepreneurship for Africa », soutenu par AFAWA (https://apo-opa.co/4nKHta9), l’initiative de la Banque africaine de développement pour le financement en faveur des femmes en Afrique. « Notre intégration au programme a marqué un tournant dans notre parcours, reconnaît Jenny. Ce soutien nous a permis de bénéficier d'un accompagnement stratégique pour renforcer notre vision et surtout pour affiner notre produit afin d'atteindre une meilleure adéquation entre le produit et le marché ». Grâce à cet accompagnement, l’entreprise Neotex.ai qu’elle a créée, a déployé ses services dans de nouvelles zones rurales au Kenya, enregistrant plus de 1 250 têtes de bétail et prouvant la viabilité de son modèle.

Au-delà du crédit, la vision de Jenny Ambukiyenyi Onya est de redéfinir la place du monde rural dans l'économie africaine. Selon elle, la technologie rend le secteur de l'élevage « visible, mesurable, modélisable » pour les investisseurs et les décideurs politiques.

Son message est double. Aux institutions financières, elle lance une invitation : il est temps d'investir « dans des économies locales à fort potentiel, souvent portées par des femmes ». Aux jeunes Africaines qui rêvent d'innover, elle offre son parcours comme une preuve. « Osez créer. Même dans les secteurs où l'on ne vous attend pas. Si je peux bâtir des solutions de rupture à partir d'un téléphone portable et d'un troupeau de vaches, vous pouvez, vous aussi, réinventer ce que personne n'a encore osé imaginer. »

Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).

Note de la rédaction :
Le 15 juillet 2025 marque le 10e anniversaire de la Journée mondiale des compétences des jeunes des Nations unies. Le thème de cette année porte sur l’autonomisation des jeunes grâce à l’intelligence artificielle et aux compétences numériques.

À propos du Groupe de la Banque africaine de développement :
Le Groupe de la Banque africaine de développement est la principale institution de financement du développement en Afrique. Il comprend trois entités distinctes : la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN). Représentée dans 41 pays africains, avec un bureau extérieur au Japon, la Banque contribue au développement économique et au progrès social de ses 54 États membres régionaux. Pour plus d’informations : www.AfDB.org