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- L'anacarde est aujourd'hui le troisième produit agricole d’exportation du Burkina après le coton et le sésame
- Christiane Koné transformatrice à Toussiana a acquis six décortiqueuses automatiques
- Arzouma Zougouri producteur à Orodara a pu équiper davantage son unité de transformation
- Des transformatrices d'anacarde au travail
- Adama Sombié, producteur d’anacarde a bénéficié d'un parc à bois de deux hectares à Bérégadougou
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Au Burkina Faso, la culture de l’anacarde constitue un levier pour un développement rural durable et inclusif
Le projet a mobilisé les ressources nécessaires pour contribuer à la transformation durable des régions des Cascades, des Hauts Bassins et du Sud-Ouest, avec une forte implication des femmes
Grâce au projet, nous avons pu acquérir six décortiqueuses automatiques, deux fois plus rapides que nos 25 tables de décorticage manuelles
Lancé en 2017 et achevé en 2024, le Projet d’appui au développement de l’anacarde dans le Bassin de la Comoé pour la REDD+ (PADA/REDD+) constitue un modèle de développement durable. Articulant lutte contre la pauvreté, transition écologique et autonomisation des femmes et des jeunes, ce projet affiche un taux d’exécution remarquable de 95 %. Il a dynamisé la filière de l’anacarde, troisième produit agricole d’exportation du Burkina Faso, après le coton et le sésame.
Le projet « PADA/REDD+ » a bénéficié du soutien de la Banque africaine de développement, qui a accordé un prêt de quatre millions de dollars américains, et du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque, à travers un don de 1,39 million de dollars américains, ce qui représente 61 % du coût total du projet s’élevant à 8,82 millions de dollars. Le gouvernement burkinabè et les bénéficiaires ont fourni le reste du financement.
Le projet a mobilisé les ressources nécessaires pour contribuer à la transformation durable des régions des Cascades, des Hauts Bassins et du Sud-Ouest, avec une forte implication des femmes. Il a permis aux producteurs de réduire les coûts d’entretien, d’améliorer la fertilité et la structure des sols, ainsi que la productivité des anacardiers et les revenus de manière durable.
Une action climatique intégrée à la production agricole
La première composante du PADA/REDD+ portait sur la séquestration du carbone. Elle s’est matérialisée par la création de sept parcs à bois, la production de plus de 1,6 million de plants améliorés et l’aménagement d’environ 27 000 hectares de plantations agroforestières. Un tiers de ces plantations est entretenu par des femmes, illustrant la volonté du projet de promouvoir l’inclusion sociale. Au total, 35 340 producteurs, dont 6 047 femmes, ont été formés aux bonnes pratiques agricoles et biologiques.
Cette approche de renforcement des capacités des producteurs et des transformateurs a permis d’outiller chaque acteur de compétences répondant à ses besoins et attentes, notamment en termes de maîtrise des itinéraires techniques de production et de transformation.
Adama Patrick Sombié, transformateur de noix de cajou à Bérégadougou, témoigne sa satisfaction : « Avant le projet, il n’y avait pas de parc à bois d’anacardiers dans le village, seulement de la forêt et quelques vergers. Lorsque le projet a proposé des parcelles aux promoteurs, je me suis inscrit et j’ai obtenu deux hectares. »
Accès au financement et modernisation de la transformation
La seconde composante du projet a ciblé le renforcement des chaînes de valeur. Longtemps freiné par l’accès limité au financement, le développement de la filière a bénéficié d’un partenariat innovant avec la faîtière des Caisses populaires du Burkina, des coopératives d’épargne et de crédit.
Ce mécanisme a permis d’octroyer des crédits d’investissement à taux dégressif, finançant 103 microprojets pour un montant total de 888 millions de francs CFA, soit environ 500 000 dollars. L’intervention du projet a également permis de créer 9 580 emplois « verts » additionnels, dont 92,66 % pour les femmes, à travers le financement de microprojets d’investissement.
Grâce à ces financements, sept unités de transformation ont été modernisées. Une nouvelle unité dénommée « Tensya » a été installée dans la commune de Toussiana, et trois magasins ont été construits, dont un réservé aux femmes. Le projet a également permis d’acquérir 12 camions et 45 tricycles, de former 631 personnes aux bonnes pratiques, de renforcer les compétences environnementales de 477 acteurs et de construire et équiper des infrastructures, telles qu’un centre de cuisson et de décorticage pour les femmes de Diéri, entièrement subventionné par la Banque africaine de développement.
Un impact inclusif et durable
Ces microprojets ont touché près de 18 000 personnes, dont 61 % sont des femmes, renforçant encore l’approche inclusive du PADA/REDD+. « Ce projet est une bénédiction pour nous. Grâce aux revenus générés, nous pouvons scolariser nos enfants et assurer leur santé. Avant, nous bradions nos produits, mais aujourd’hui, avec nos propres unités de transformation, nous maîtrisons toute la chaîne de valeur », se réjouit Aramatou Barro, transformatrice à Diéri.
Christiane Koné, transformatrice à Toussiana, confirme cet impact concret : « Grâce au projet, nous avons pu acquérir six décortiqueuses automatiques, deux fois plus rapides que nos 25 tables de décorticage manuelles. »
En parallèle, le projet a structuré des réseaux d’approvisionnement, assuré la mise en conformité de 96 coopératives avec les normes OHADA, et mis en œuvre un plan de gestion environnementale. Les conditions de travail s’en trouvent nettement améliorées. Isso Kindo, commerçant à Bobo-Dioulasso, témoigne : « Le transport était notre principal obstacle. Aujourd’hui, grâce au camion financé par le projet, je peux acheminer jusqu’à 60 tonnes de noix depuis les villes de Banfora ou de Mangodara. »
L’impact du PADA/REDD+ se mesure aussi à travers la création d’emplois pour les jeunes et les entrepreneurs ruraux. À Orodara, Arzouma Zougouri, producteur et chef d’entreprise, explique que « l’appui du projet [lui] a permis d’équiper davantage [son] unité de transformation. » « Je suis passé de 200 à 300 employés », se félicite-t-il.
En structurant durablement la filière de l’anacarde, en augmentant la productivité et en renforçant la transformation locale, le PADA/REDD+ a atteint ses objectifs, tout en posant les jalons d’un développement rural plus résilient. Sa contribution à la séquestration du carbone à travers les plantations agroforestières renforce son impact environnemental. Des plantations pérennes, des pratiques agricoles modernisées, un tissu local de transformation renforcé et un meilleur accès au financement ont constitué les piliers de cette réussite.
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