La ville botswanaise de Lobatse, située à environ 70 km au sud de Gaborone, s’est transformée en centre industriel dynamique. Dans de vastes ateliers, des centaines de mains expertes assemblent méticuleusement des faisceaux de câbles complexes, des composants qui équiperont à terme les véhicules Volkswagen et Nissan en Afrique et au-delà.

Dans l’industrie automobile, les faisceaux de câbles désignent un ensemble complexe de fils, de connecteurs et de composants. Ils constituent le système nerveux central des véhicules, permettant la transmission des signaux électriques et de l’énergie dans l’ensemble du véhicule.

Nous sommes chez Delta Automotive Technologies, où le financement stratégique de la Banque africaine de développement a catalysé une renaissance industrielle qui s’étend bien au-delà des murs de l’usine. L’entreprise fabrique principalement des faisceaux de câbles pour Volkswagen et Nissan. Pendant des décennies, l’histoire économique du Botswana s’est écrite dans les diamants. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre, grâce à la ligne de crédit de 80 millions de dollars accordée par la Banque africaine de développement à la Botswana Development Corporation (BDC) pour les entreprises du pays, qui permet d’accélérer la transformation de Delta Automotive en acteur majeur de la production industrielle.

« Ce financement n’a pas seulement permis de construire des infrastructures, il a aussi créé des opportunités », explique Darryn Hattingh, directeur de la production chez Delta. « Nous avons bâti une entreprise de classe mondiale, compétitive à l’échelle internationale, tout en créant des opportunités au niveau local. Ce soutien nous permet d’industrialiser non seulement les chaînes de production actuelles, mais aussi les innovations de demain. Il nous aidera à industrialiser les activités futures obtenues grâce à Volkswagen. »

Basée au Botswana, l’entreprise fabrique des faisceaux de câbles pour les modèles Polo Vivo et Polo 270 de Volkswagen et pour la marque H60 de Nissan.

Elle produit actuellement 120 kits de faisceaux de câbles par jour pour Volkswagen Afrique du Sud. D’ici 2027, elle espère produire 340 kits pour Volkswagen et 111 pour Nissan en Afrique du Sud.

Les femmes, moteurs d’une révolution industrielle

Lorsque l’on parcourt la vaste usine de Delta, un fait saute immédiatement aux yeux : dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes, l’expertise des femmes est le moteur de cette activité. Une proportion impressionnante de 75 % de la main-d’œuvre de Delta est féminine, brisant le plafond de verre à chaque faisceau de câbles assemblé.

Pour Clara Kaekane, ingénieure produits et procédés chez Delta, l’importance de ce travail va bien au-delà de la réussite personnelle : « Chaque composant que nous fabriquons remet en question les idées reçues sur le genre et le travail d’ingénieur. Je ne me contente pas de fabriquer des pièces automobiles, je construis une nouvelle perception de ce que les femmes peuvent accomplir dans le secteur manufacturier en Afrique. »

Mme Kaekane est fière d’occuper un poste de direction dans l’industrie automobile, traditionnellement dominée par les hommes.

« C’est une formidable opportunité pour notre pays et notre entreprise », ajoute-t-elle.

Connecter les communautés aux chaînes de valeur mondiales

Le bourdonnement d’activité dans l’usine Delta représente plus qu’une simple activité manufacturière : c’est le bruit de l’intégration du Botswana dans des réseaux d’approvisionnement mondiaux sophistiqués. Avec une production actuelle de 120 faisceaux de câbles pour véhicules par jour et des plans visant à presque tripler sa production d’ici 2027, Delta est un exemple de la manière dont les entreprises manufacturières africaines peuvent exceller dans des industries mondiales exigeant une grande précision.

« Ce qui se passe ici est la manifestation concrète de nos priorités de développement « High 5 », en particulier « Industrialiser l’Afrique » et « Intégrer l’Afrique ». Cela permet également de fournir des compétences à la population africaine », a déclaré Moono Mupotola, directrice générale adjointe pour l’Afrique australe de la Banque africaine de développement. « Chaque faisceau de câbles relie non seulement les composants des véhicules, mais aussi la main-d’œuvre du Botswana aux chaînes de valeur mondiales, les communautés rurales aux opportunités industrielles et les économies traditionnelles à un avenir diversifié. »

Un impact à grande échelle : de quelques centaines à plusieurs milliers

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’entreprise compte aujourd’hui 327 employés et devrait en employer 1 000 d’ici quatre ans. Derrière ces chiffres, ce sont des familles qui sont soutenues, des compétences qui sont développées et des communautés qui sont transformées. Avec 95 % de ses effectifs composés de ressortissants botswanais, l’entreprise est devenue un acteur majeur de l’autonomisation économique locale.

« Nous constatons les multiples retombées de cet investissement unique », se réjouit Benedicta Abosi, de la BDC. « La croissance de Delta génère des recettes d’exportation, crée des emplois de qualité, développe les compétences techniques et, surtout, démontre ce qu’il est possible de réaliser lorsque le financement du développement s’allie à une vision entrepreneuriale. »

Elle explique qu’il y a cinq ans, la Botswana Development Corporation a soutenu plusieurs entreprises, dont Delta Automotive Technologies, grâce à une ligne de crédit de 80 millions de dollars accordée par la Banque africaine de développement.

Véritable modèle de transformation industrielle pour l’Afrique, le succès de Delta offre un exemple reproductible pour le développement industriel à travers le continent. En soutenant stratégiquement les entreprises intégrées dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, le financement du développement peut simultanément s’attaquer au chômage, aux inégalités de genre, à la diversification économique et à l’intégration régionale.

Alors que les employés de Delta Automotive Technologies continuent d’assembler les composants qui équiperont les véhicules de toute la région, ils créent également un modèle illustrant la manière dont le financement du développement en Afrique peut catalyser une transformation industrielle inclusive.

« Cela a clairement été un bon investissement pour la Banque africaine de développement, et c’est ainsi que nous envisageons le financement du développement en Afrique », a ajouté Mme Mupotola.