Les parties prenantes reconnaissent les progrès accomplis dans le dialogue sur l’apurement des arriérés du Zimbabwe et appellent à redoubler d’efforts et de soutien
Le gouvernement du Zimbabwe a proposé un plan visant à obtenir un financement relais de 2,6 milliards de dollars afin d’apurer ses arriérés auprès des institutions financières internationales
Le Zimbabwe a fait beaucoup de progrès, contre toute attente
- Les défis ne doivent pas occulter les bons résultats obtenus jusqu’à présent, selon l’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano.
- « Le Zimbabwe a accompli de nombreux progrès, contre toute attente. Nous devons désormais tous nous mobiliser pour mener ce processus à son terme », a déclaré le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina.
- Les anciens propriétaires d’exploitations agricoles se réjouissent du versement d’une indemnité.
Les organisations internationales, les créanciers et les autres parties prenantes au processus d’apurement des arriérés et de règlement de la dette du Zimbabwe ont unanimement reconnu lundi que des progrès considérables avaient été accomplis après deux ans d’un processus de dialogue structuré approfondi, mais ils ont relevé plusieurs défis à relever.
Lors d’une table ronde consacrée à ce processus, qui s’est tenue en marge des Réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque mondiale à Washington, les participants ont souligné les progrès réalisés dans deux des trois domaines de réforme : la croissance économique et la stabilité, les réformes agraires et l’indemnisation des anciens propriétaires agricoles. Ils ont toutefois appelé à redoubler d’efforts dans le domaine de la gouvernance.
« Les paramètres du dialogue ont été définis. La plupart des questions ont été traitées. Des engagements ont été pris et des objectifs ont été fixés. Nous pouvons tous être fiers du processus de dialogue et de ce qu’il a permis de réaliser », a déclaré Joachim Chissano, ancien président du Mozambique et facilitateur du processus en cours concernant le Zimbabwe.
Parmi les autres intervenants figuraient Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement et champion du processus de dialogue ; Ndiamé Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique orientale et australe ; Abebe Selassie, directeur du Département Afrique du Fonds monétaire international, qui représentait la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva ; des représentants des gouvernements des Pays-Bas, de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, ainsi que le secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Elias M. Magosi.
« Le Zimbabwe a fait beaucoup de progrès, contre toute attente », a salué M. Adesina. Il a souligné néanmoins que le récent rejet du projet de loi sur les Organisations volontaires privées (« Private Voluntary Organization », PVO) constituait un revers important et faisait peser un risque sur le processus d’apurement des arriérés et de règlement de la dette du pays d’Afrique australe.
M. Adesina a présenté une série de mesures concrètes pour l’avenir, notamment la nécessité pour le FMI d’approuver le Programme de référence (« Staff-Monitored Programme ») pour le Zimbabwe lors des Réunions de printemps, le soutien de donateurs potentiels pour le financement de prêts relais, l’exploration de ressources supplémentaires du Fonds africain de développement et la priorisation de l’apurement des arriérés du Zimbabwe dans le Cadre commun du G20.
Il a indiqué que le Groupe de la Banque africaine de développement étudierait la possibilité de mobiliser des ressources supplémentaires pour l’apurement des arriérés du Zimbabwe dans le cadre de la 17e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement prévue vers la fin de l’année. Cela s’inscrira dans le cadre d’un processus convenu pour le remboursement du prêt relais.
« Nous encourageons également l’Association internationale de développement de la Banque mondiale à faire de même pour apurer les arriérés », a déclaré M. Adesina.
« Afin de faire avancer l’apurement des arriérés et le règlement de la dette, le Groupe de la Banque africaine de développement finance les services fournis par Kepler-Karst, cabinet international de conseil juridique et souverain, afin de soutenir le processus d’apurement des arriérés et de résolution de la dette selon un calendrier précis », a-t-il précisé.
Progrès réalisés dans les trois piliers de la réforme
L’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano, a présenté les autres réformes engagées par le gouvernement zimbabwéen dans le cadre du processus de dialogue, notamment la cessation des opérations quasi budgétaires de la banque centrale du Zimbabwe, avec un transfert de tout son passif au Trésor public, le rapprochement du système de taux de change des taux déterminés par le marché, la poursuite d’une politique budgétaire prudente et de la rationalisation des dépenses, ainsi que la poursuite des paiements symboliques aux créanciers.
Dans le cadre de la réforme foncière, M. Chissano et d’autres intervenants ont salué l’indemnisation en cours des anciens propriétaires d’exploitations agricoles et le programme de titres fonciers agricole lancé en décembre 2024. Ce programme prévoit des baux de 99 ans, transférables et négociables.
S’agissant des réformes de la gouvernance, les participants ont appris que le Zimbabwe avait aboli la peine de mort et que d’autres réformes importantes étaient en cours pour améliorer l’efficacité du secteur judiciaire, renforcer les mesures de lutte contre la corruption et améliorer la transparence et la responsabilité du secteur public.
Toutefois, à l’instar d’autres intervenants, M. Chissano a noté que des défis subsistaient en matière d’engagement de la société civile, d’élections démocratiques, de processus judiciaires, de liberté de réunion et de liberté d’expression. « Ces défis montrent que le dialogue reste nécessaire pour que les réformes s’enracinent. Ils montrent également que les réformes politiques ne sont pas un processus linéaire », a-t-il déclaré, soulignant que ces défis « devraient nous inciter à redoubler d’efforts et à redynamiser le processus de dialogue ».
Le gouvernement du Zimbabwe a proposé un plan visant à obtenir un financement relais de 2,6 milliards de dollars afin d’apurer ses arriérés auprès des institutions financières internationales.
Dans son exposé, le ministre zimbabwéen des Finances, du Développement économique et de la Promotion des investissements, Mthuli Ncube, a souligné que les perspectives économiques du pays montraient des signes de reprise, avec une croissance prévue de 6,0 % en 2025. Il s’agit d’une amélioration remarquable par rapport aux 2,0 % enregistrés l’an dernier en raison d’une grave sécheresse. L’introduction en avril 2024 de la nouvelle monnaie du pays, le ZiG, contribue à rétablir la stabilité macroéconomique.
La feuille de route pour l’apurement des arriérés vise à obtenir et à mettre en œuvre un programme de référence avec le FMI en 2025, à élaborer une stratégie crédible pour combler le déficit de financement budgétaire, à apurer les arriérés auprès des institutions financières internationales d’ici au début 2026 et à achever la restructuration globale de la dette dans le cadre du Cadre commun du G20.
Le secrétaire exécutif de la SADC, Elias M. Magosi, a déclaré que le Zimbabwe devait être soutenu pour rebondir, soulignant son rôle stratégique dans le commerce, l’intégration et le développement régionaux.
Au Zimbabwe, l’ancien président du Syndicat des agriculteurs commerciaux, M. Andrew J. Pascoe, a confirmé la réception des paiements versés aux anciens propriétaires fonciers, qualifiant ce développement d’« événement historique ».
« Lundi 24 mars 2025, les premiers paiements en dollars américains prévus dans le cadre de ce plan ont été versés aux anciens propriétaires fonciers (FFO) qui avaient signé l’accord », a-t-il précisé. « Presque 20 ans après, nous, Zimbabwéens, avons réussi à mettre de côté nos divergences et, dans un climat de respect et de confiance mutuels. Nous avons négocié un accord qui a jeté les bases d’un versement d’indemnisations pour les améliorations apportées aux exploitations agricoles acquises par le gouvernement zimbabwéen dans le cadre du Programme accéléré de réforme agraire. »
« En tant que représentant de ces agriculteurs, je tiens à remercier sincèrement Son Excellence, le président E. D. Mnangagwa, et son gouvernement d’avoir respecté l’engagement pris par Son Excellence en 2018 de verser des indemnisations pour les exploitations agricoles acquises, conformément à la Constitution du Zimbabwe », a-t-il ajouté.
Il y a près de trois ans, le président Emmerson Mnangagwa a demandé à M. Adesina de se faire le champion du processus d’apurement des arriérés et de règlement de la dette du Zimbabwe.
« Je savais que la tâche serait difficile », a rappelé M. Adesina, qui s’est dit néanmoins confiant : « Nous parviendrons à obtenir pour le Zimbabwe et son peuple l’apurement complet des arriérés et la résolution totale de la dette, afin que le pays puisse bénéficier des financements concessionnels indispensables pour stimuler davantage sa croissance et son développement. »
« Nous devons désormais tous nous mobiliser pour mener ce processus à son terme », a conclu le président du Groupe de la Banque africaine de développement.
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