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L’accord de la Banque africaine de développement pour Johannesburg marque le début d’une nouvelle ère dans l’investissement urbain piloté par les villes (Par Bleming Nekati)

Ce financement aura un impact direct et tangible sur la vie quotidienne des habitants de Johannesburg en renforçant les services de base et en améliorant les opportunités économiques

Lorsqu’une architecture financière appropriée est mise en place, les villes sont bien placées pour piloter et impulser le développement durable

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 11 juillet 2025/APO Group/ --

Bleming Nekati est responsable régional des opérations du secteur privé en Afrique australe à la Banque africaine de développement (www.AfDB.org).

En juin 2025, une décision discrète, mais importante, a marqué un véritable tournant dans la finance urbaine africaine. Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé un prêt de 2,5 milliards de rands (139 millions de dollars) à la ville de Johannesburg. Pour la première fois de son histoire, la Banque a accordé un financement sans garantie souveraine à une collectivité territoriale africaine.

Ce financement aura un impact direct et tangible sur la vie quotidienne des habitants de Johannesburg en renforçant les services de base et en améliorant les opportunités économiques. La population peut espérer une diminution des coupures d’électricité, un meilleur approvisionnement en eau, une collecte des déchets plus efficace et une productivité industrielle accrue, qui sont autant d’éléments contribuant à une croissance économique plus importante. Il est important de noter que ces améliorations sont financées par un modèle de marché plus durable, ce qui réduit la dépendance aux subventions nationales.

Cet accord est plus qu’une simple avancée en matière de financement ; il confirme l’opinion croissante parmi les investisseurs et les professionnels du développement selon laquelle, lorsqu’elles sont bien gérées, les villes africaines peuvent et doivent accéder aux marchés financiers à leurs propres conditions.

Une métropole prête pour le marché

Johannesburg n’est pas seulement la plus grande ville d’Afrique du Sud. Elle est aussi un pôle économique majeur et une véritable puissance économique. Avec une richesse créée d’une valeur de 67 milliards de dollars et une population d’au moins 6,44 millions d’habitants, la ville génère plus de richesses que de nombreux pays africains.

Cependant, comme de nombreuses villes du continent en pleine croissance, Johannesburg est sous pression.

Les infrastructures existantes sont vieillissantes. Les réseaux d’électricité et d’eau subissent des pertes importantes, dépassant respectivement 30 % et 46 %. Les services d’assainissement et de gestion des déchets sont débordés, en particulier dans les quartiers mal desservis. La croissance démographique accentue ces défis. Mais ces contraintes représentent aussi des opportunités : Johannesburg est aux prises avec une demande non satisfaite, à une échelle réelle et, surtout, à une volonté claire de réforme.

Du risque municipal à l’actif bancable

Historiquement, les municipalités africaines ont peiné à attirer des investissements directs en raison de contraintes juridiques et de préoccupations liées au risque de crédit. La ville de Johannesburg a défié cette tendance grâce à une décennie de réformes de gouvernance, de budgétisation et de financement, qui ont renforcé son profil de crédit vérifié de manière indépendante et inspiré la confiance des investisseurs.

Le prêt de la Banque africaine de développement est lié à plus de cent projets d’investissement couvrant quatre secteurs critiques :

  • L’électricité : modernisation du réseau, compteurs intelligents, énergies renouvelables et 3 200 nouveaux raccordements de ménages.
  • L’eau et l’assainissement : réparation des canalisations, traitement de l’eau et plan visant à réduire les pertes à 37 %.
  • Les déchets solides : collecte plus efficace, modernisation des décharges et expansion du recyclage.
  • Des services publics générateurs de revenus : tous les investissements sont liés à des flux de revenus garantis par les tarifs pour le remboursement. 

Stimulus économique avec retours

Le programme d’infrastructure est conçu pour produire des résultats économiques et sociaux :

  • Création d’emplois : près de 2 900 emplois dans le secteur de la construction et 592 postes permanents, avec des objectifs d’inclusion des femmes et des jeunes.
  • Opportunité d’approvisionnement : 500 millions de rands sud-africains de contrats alloués aux PME, dont la moitié à des entreprises appartenant à des jeunes.
  • Gains de productivité : des services plus fiables pour les utilisateurs industriels favoriseront l’efficacité opérationnelle.
  • Équité des services : 160 000 ménages à faible revenu bénéficieront d’un meilleur accès aux services publics.

Le partenariat a intégré de solides pratiques de gouvernance au programme, notamment un contrôle indépendant, des marchés publics transparents et des garanties financières, qui sont des critères essentiels pour un accès futur aux capitaux.

Une dynamique qui dépasse la ville de Johannesburg

Si Johannesburg est peut-être la première ville africaine à obtenir un prêt non garanti par l’État auprès de la Banque africaine de développement, elle n’est pas la seule à s’efforcer d’atteindre l’indépendance financière. D’autres villes, comme Dakar, Le Cap, Nairobi et Kigali, ont également réalisé des progrès significatifs vers une plus grande autonomie et une plus grande responsabilité dans leurs mécanismes de financement.

Ces villes partagent la même compréhension selon laquelle la croissance urbaine doit s’accompagner d’une capacité fiscale et que ce sont les marchés de capitaux, et non les subventions, qui seront le moteur de la prochaine génération d’investissements dans les infrastructures.

Ce qui ressort pour les investisseurs : les villes sont la prochaine frontière

La percée de Johannesburg n’est pas seulement une réussite locale ; c’est un signal envoyé au marché. Les villes africaines s’avèrent être de plus en plus des partenaires rentables. Pour les investisseurs, les prêteurs et les entreprises d’infrastructure, l’essor de municipalités solvables représente une opportunité inexploitée.

La tendance est claire : les villes bien gérées ne sont plus de simples prestataires de services. Elles sont également clientes d’infrastructures, partenaires financiers et moteurs d’une croissance économique inclusive.

Alors que l’Afrique continue de s’urbaniser, des villes comme Johannesburg démontrent que l’avenir de l’investissement est de plus en plus ancré dans les contextes locaux. Lorsqu’une architecture financière appropriée est mise en place, les villes sont bien placées pour piloter et impulser le développement durable.

Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).