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Source: African Development Bank Group (AfDB) |

Chaînes de valeur, chaînes de vie : un projet de la Banque africaine de développement en action en Guinée équatoriale

La mise en œuvre du projet, d’un coût de quelque 55 millions d’euros, concerne toutes les chaînes de valeur

Le projet se base sur le potentiel du pays en ressources halieutiques et sa dépendance aux importations de poisson

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 22 avril 2025/APO Group/ --

En cette matinée pluvieuse d’avril à Bata, la capitale économique de la Guinée équatoriale, un vent fort, venu du large, agite les palmiers le long de la corniche et fait se lever les vagues qui s'écrasent contre le rivage. Mais peu à peu, les bourrasques s’estompent et l'océan se calme pour laisser place à une immense étendue aux teintes grisâtres, bercée par une légère écume, formée ici ou là au gré des ondulations des vagues.

En bord de mer, à proximité du complexe de commercialisation des produits de pêche d'Ekuku-Bata, des pêcheurs exposent leurs prises de la nuit tandis que les revendeuses négocient les prix et repartent avec leurs poissons. Elles iront les exposer sur les étals flambant neufs du marché aux poissons qui a été rénové.

Le marché, construit spécialement pour les femmes, s'anime alors avec l'entrée en scène des revendeuses qui ont bravé la pluie matinale. Elles ont déjà étalé leurs marchandises : du poisson, des crabes, des langoustes, tous ces trésors que l’océan peut offrir à la population des alentours. Ces femmes sont dynamiques, et heureuses d'avoir enfin un espace pour faire commerce à l'abri des intempéries.

L'espace aménagé comprend 57 étals hauts et des allées bien tracées comme des ruelles d'une ville urbanisée. Chaque femme a son espace dédié, suffisamment grand pour être confortablement installée. Elles haranguent les clients, vantant les mérites de leurs produits fraîchement pêchés : des crustacés, des gros et petits poissons, certains placés dans des paniers en osier où ils frétillent encore, luttant de leurs dernières forces pour échapper à leur destin.

Construit à l’origine par le gouvernement équato-guinéen, le complexe de commercialisation des produits de pêche de Ekuku-Bata, ouvert aux femmes depuis mars 2024, a été réhabilité dans le cadre du Projet d'appui au développement des chaînes de valeur du secteur de la pêche et de l'aquaculture (PASPA) financé par la Banque africaine de développement.  

Le Projet « PASPA » a pour objectif principal de contribuer à l'amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des populations cibles à travers la promotion des chaînes de valeur.  À moyen terme, il devrait contribuer à augmenter la production de poisson disponible sur le marché de 19 126 tonnes et à améliorer de plus de 100 % les revenus des acteurs (pêcheurs, aquaculteurs, transformateurs et commerçants de poisson, etc.), selon le rapport d'évaluation du projet.

La mise en œuvre du projet, d’un coût de quelque 55 millions d’euros, concerne toutes les chaînes de valeur (production, conservation, transformation et commercialisation) pour les trois filières que sont la pêche artisanale, maritime et continentale, la pêche industrielle et l'aquaculture.

Des vies transformées

Pour des jeunes femmes comme Honorine Badifouma, âgée de 36 ans, il ne s’agit pas seulement d’un marché réhabilité : c'est toute une vie transformée, qui ouvre la voie à un avenir plus stable et prometteur pour des familles entières.

Honorine est arrivée très tôt ce matin à la centrale, un peu avant la pluie. Après avoir fait du rangement et disposé ses poissons conservés la veille dans l’une des quatre chambres froides du complexe, elle se prépare à attaquer la journée pour écouler sa marchandise.

« Par le passé, je faisais le café du côté de Caydasa ; puis j'ai commencé à faire le poisson avant qu'on nous demande de venir ici », précise-t-elle, en ajustant ses poissons sur l'étal.

La vie n'a pas toujours été facile pour Honorine, mariée et mère de trois enfants, avec un quatrième attendu. Elle soutient financièrement sa famille grâce à son commerce de poisson. Auparavant, elle vendait sur une zone non aménagée, à même le sol, sans étal. Lorsque la météo n'était pas clémente comme aujourd'hui, elle ne pouvait pas travailler, et quand elle ne parvenait pas à vendre tout son poisson, elle craignait de perdre son stock en cas de rupture de la chaîne de froid.

Cependant, la réhabilitation du marché aux poissons du complexe d'achat d'Ekuku-Bata a changé ses conditions de travail. Honorine est désormais apaisée.

« L'esprit est reposé car quand je rentre à la maison et que je n'ai pas pu tout vendre, je sais que mon poisson est en sécurité. Si je ne me sens pas bien et que je ne peux pas sortir, je n'ai pas de stress, il n'y a pas de vol ici, je suis tranquille, ma marchandise est bien gardée », poursuit-elle dans un large sourire.

Outre la réhabilitation du complexe d’Ekuku Bata, l’appui à la pêche artisanale prévoit la construction et l’équipement de centrales d’achat de matériel de pêche, la construction d’une unité de conservation, de transformation et de vente de poisson dans différentes localités de ce petit pays d’Afrique centrale.

« Le projet se base sur le potentiel du pays en ressources halieutiques et sa dépendance aux importations de poisson. La population mange un poisson importé alors qu’elle en dispose. Un projet qui vise à augmenter la production de poisson ne peut être que bien perçu par la population », souligne le coordonnateur national du projet, Mariano Micha Massa Nsegue.

Des initiatives sont également en cours dans le secteur de la pêche industrielle, comme

« l’acquisition d’un bateau de pêche, qui est en construction pour appuyer la pêche industrielle, et l’acquisition d’équipement de pêche pour alimenter les grandes centrales d’achat afin de faciliter les opérateurs du secteur en évitant qu’ils aillent acheter les filets, les moteurs hors-bord en dehors du pays, ce qui est le cas actuellement », explique M. Nsegue.

Par ailleurs, trois sites d’aquaculture d’une capacité totale de plus de 10 000 tonnes de poisson sont en cours d’aménagement à Ebibeyin, Mongomo et Micomiseng, et une unité de conservation, fumage et vente de boisson est construite à Kyosi-Ebibeyin.

Dans le domaine des infrastructures d’eau et d’assainissement, 51 puits d’eau potable alimentés à l’énergie solaire ont été construits dans 34 villages situés dans le périmètre du projet, et les écoles de chaque village ont été équipées de latrines.

Pour Honorine, il s’agit là d’une simple amélioration d'infrastructures ; en réalité, c’est bien plus que cela car ces aménagements sont un des maillons d'une stratégie de développement global en Guinée équatoriale. 

Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).