Source: African Development Bank Group (AfDB) |

« La lutte contre la violence basée sur le genre est vitale pour la survie des femmes, mais aussi pour le développement de sociétés meilleures » (Par Vanessa Moungar)

Les femmes font encore l’objet de violences et en payent le plus lourd tribut

Lors de mes missions à travers le continent, je suis toujours bouleversée par la détresse de nombreuses jeunes filles et femmes que je rencontre

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 25 novembre 2020/APO Group/ --

Par Vanessa Moungar*, Directrice du Département du genre, des femmes et de la société civile à la Banque africaine de développement

Elles sont très souvent des victimes silencieuses dans une société à caractère patriarcal. Les femmes font encore l’objet de violences et en payent le plus lourd tribut. On a d’ailleurs assisté à une recrudescence de la violence basée sur le genre (VBG) subie par les femmes et les filles lors des périodes de confinement dues à la pandémie de Covid-19.

Cette violence est plus fréquente envers les femmes qu’envers les hommes, en grande partie en raison des relations de pouvoir liées au rôle des genres dans nos sociétés, qu’elles soient assimilées ou inculquées culturellement. Le problème n’est donc ni l’homme, ni la femme en tant que personne, mais plutôt l’inégalité et le déséquilibre qui en découlent. Cette situation est très préoccupante et va à l’encontre de notre intérêt à tous.

Lors de mes missions à travers le continent, je suis toujours bouleversée par la détresse de nombreuses jeunes filles et femmes que je rencontre, qui sont trop souvent victimes de violences domestique et sexuelle, de mariage forcé, d’exploitation ou de maltraitance. Et ce, parfois, au nom de la tradition. Il est vrai que les pratiques traditionnelles du continent sont complexes, multiples et variées, et la plupart du temps extraordinairement symboliques et belles. Nous devons célébrer celles qui font notre fierté, mais aussi nous débarrasser de celles qui nous retardent. La réalité du quotidien de nombreuses femmes est celle de la violence perpétuelle à la maison, de l'injustice sociale et de la discrimination au sein de leurs communautés.

À cela s’ajoutent des contextes de fragilité et des situations de conflit qui exacerbent la vulnérabilité des femmes, qui sont aussi très exposées à toutes formes de violences sur les routes de la migration. C’est le cas de Fatou, une mère de famille que j’ai rencontrée dans un camp de migrants à Agadez, avec ses deux jeunes enfants. Elle a subi toutes formes de traumatismes, allant des attaques nocturnes aux viols dans les camps clandestins, et sur la route de la République démocratique du Congo au Niger. Son témoignage était celui d’une femme qui fuyait la pauvreté, pour aller vers l’espoir, prête à presque tout supporter, sauf l’idée de renoncer. Nous avons versé des larmes mais aussi trouvé des raisons de sourire quand elle partageait ses rêves pour sa fille, un moment capturé dans la photo partagée. Sa résilience, sa détermination et sa force continuent de m’inspirer.

La difficulté majeure commune à toutes ces femmes est le manque de moyens de subsistance économiques, pouvant leur permettre d’envisager une autre réalité avec dignité.

La lutte contre toutes les formes de VBG est vitale, non seulement pour la survie de ces femmes, mais aussi pour le développement de sociétés meilleures, où chacun peut participer et contribuer librement dans sa pleine capacité. D’où l’importance d’assurer l’accès des filles à l’éducation et de les sensibiliser sur leurs droits. En effet, l’éducation est pour moi le moyen le plus puissant pour développer le potentiel des femmes africaines et renforcer leur autonomisation économique, pour leur permettre de s’émanciper en dépit des carcans habituels dans lesquels elles sont parfois enfermées, sans aucune autre perspective.  

L’inégalité des genres est un frein aux efforts de développement sur tous les plans. C’est pourquoi, à la Banque africaine de développement, nous travaillons pour que tous les citoyens, femmes et hommes, puissent avoir un accès égal à l’éducation et aux opportunités économiques, afin d’atteindre une réelle indépendance dans leur vie et d’assumer leurs propres choix. Des choix comme celui de continuer l’école, de se marier et d’avoir des enfants quand on se sent prête, ou encore de quitter une relation malsaine. Cette capacité et ce droit de choisir sont les fondations de la confiance en soi nécessaire pour prendre sa vie en main, et non la subir.

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, je réitère mon engagement sans faille pour l’égalité des genres, à savoir l’accès égal à l’opportunité de choisir sa vie.  

*Vanessa Moungar est directrice du Département du genre, des femmes et de la société civile à la Banque africaine de développement, où elle conduit l’action de la Banque en matière d’égalité des genres, d’autonomisation des femmes et d’engagement avec la société civile. Franco-tchadienne, elle siège au Conseil présidentiel pour l’Afrique, organisation fondée par le président français Emmanuel Macron en août 2017.

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