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Eco Nubia : faire revivre le patrimoine égyptien, tout en préservant l’environnement
L’écolodge, composé de neuf chambres bâties de roche de granit et de boue, propose un large éventail d’activités, dont le kayak et la natation, la visite de sites touristiques et des marchés d’artisanat nubien
En partenariat avec la communauté nubienne, nous avons placé Bigeh sur la carte de l’écotourisme égyptien
À quelques encablures du célèbre barrage d’Assouan, sur l’îlot d’Aguilkya, le temple de Philae plonge les promeneurs dans l’histoire de l’Égypte antique. Dédié à la déesse protectrice Isis, ses bas-reliefs, ses fresques et ses chapiteaux en font l’un des plus beaux sanctuaires du pays.
À bord de son petit bateau à moteur, Ahmed Yehia navigue tranquillement en direction de ce trésor du patrimoine égyptien, niché au cœur des anciennes terres nubiennes.
« Juste à côté, j’ai découvert Bigeh, une île magique, abandonnée par ses habitants il y a des années. J’ai voulu les aider à la réhabiliter et à la repeupler, tout en créant de la valeur de manière durable », raconte le fondateur-dirigeant d’Eco Nubia, le premier écolodge d’Assouan.
Né en janvier 2018, le projet a reçu le soutien de l’initiative « Tanmia wa Tatweer », financée par le Programme de partenariat dano-arabe et pilotée par la Banque africaine de développement. Objectif : faire revivre la culture nubienne et créer un nouveau lieu d’écotourisme en Égypte, au service d’une clientèle locale et internationale. En recourant à des matériaux naturels provenant de plusieurs régions du pays, la réhabilitation de Bigeh a même créé des emplois pour la communauté population locale.
« En partenariat avec la communauté nubienne, nous avons placé Bigeh sur la carte de l’écotourisme égyptien, se félicite Ahmed Yehia. Nous avons un lodge ouvert toute l’année, qui surplombe le temple de Philae. Une salle peut accueillir des événements, un restaurant sert une cuisine typique nubienne, préparée par du personnel nubien et élaborée à partir de produits bio locaux. »
L’écolodge, composé de neuf chambres bâties de roche de granit et de boue, propose un large éventail d’activités, dont le kayak et la natation, la visite de sites touristiques et des marchés d’artisanat nubien.
Eco Nubia a redonné vie à l’île abandonnée de Bigeh. Sa structure emploie désormais une trentaine de personnes, dont un tiers sont des femmes. Sous son impulsion, cinq maisons nubiennes ont été reconstruites et meublées dans la tradition nubienne depuis 2018, un réseau intégré d’électricité, d’eau et d’égouts a été créé pour les insulaires, dans le respect de l’environnement.
La structure de M. Yehia, qui attire des touristes du monde entier, a reçu les éloges de l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies et du ministère égyptien du Tourisme pour ses réalisations exceptionnelles en matière de développement durable. L’écolodge a également suscité l’intérêt des médias locaux et internationaux, dont la chaîne américaine CNN, qui lui a consacré une émission spéciale.
Ce projet de développement autour de la culture nubienne a reçu un accueil chaleureux de la communauté locale.
« Nous avons notre propre ferme, qui produit ce que nous consommons, précise le directeur d’Eco Nubia. Nous avons ouvert un restaurant nubien sur l’île, construit un centre communautaire, conçu et mis en place des postes de travail en faveur de l’artisanat nubien, respectueux de l’environnement. De nouveaux emplois sont destinés à une cinquantaine de familles nubiennes plus modestes, en particulier aux femmes. »
« Nous voulons aussi aider les habitants de Bigeh à reconstruire leurs maisons en utilisant des matériaux de construction traditionnels et les mêmes techniques anciennes de l’architecture nubienne, tout en préservant l’environnement naturel de l’île », poursuit-il.
Un nouvel espace fédérateur est également sorti de terre : « les Nubiens sont célèbres pour leurs centres communautaires qu’on appelle Gameya (rassemblement). Notre projet était de construire le Nubian Gameya, un lieu de rassemblement pour les insulaires, qu’il serait possible de louer pour des événements », explique ainsi Ahmed Yehia.
D’une superficie de 80 m2, le centre communautaire est construit, selon les principes de l’architecture nubienne, des plus écologiques. Il trône désormais au sommet d’une petite montagne, avec une vue panoramique sur les alentours, qui portent en eux une partie de l’histoire de l’ancienne Nubie.
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