African Development Bank Group (AfDB)
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    • Mme Fanta Njifondjou Oumarou, piscicultrice à Limbé, heureuse d’avoir reçu des clarias géniteurs
    • Simplice Nouma Mendel, bénéficiaire vivant à Douala, en conversation avec l’équipe de supervision devant son bac piscicole
    • Un filet de géniteurs de clarias lors de la distribution à Douala
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Source: African Development Bank Group (AfDB) |

Cameroun : le pari gagnant de la pisciculture pour améliorer les conditions de vie des populations

Au cœur de cette transformation : la distribution de 2 600 géniteurs de clarias, une variété de silures africains à haut potentiel avec un taux de croissance élevé, une faible teneur en matières grasses et un faible taux de mortalité

Ce sont des souches stables, qui grandissent plus vite, et qui nous évitent bien des problèmes liés à l’irrégularité et au manque de traçabilité des anciennes souches

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 3 septembre 2025/APO Group/ --

Dans les régions du Littoral et du Sud-Ouest du Cameroun, les bassins piscicoles ne sont plus seulement des lieux de production, mais de véritables pôles d’opportunité et de transformation économique. Grâce au Projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture (PD-CVEP) (https://apo-opa.co/4ngcBNG), financé pour 84 millions d’euros par la Banque africaine de développement et mis en œuvre par le ministère camerounais de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales, une dynamique nouvelle insuffle de l’espoir aux pisciculteurs, notamment aux jeunes et aux femmes.

Au cœur de cette transformation : la distribution de 2 600 géniteurs de clarias, une variété de silures africains à haut potentiel avec un taux de croissance élevé, une faible teneur en matières grasses et un faible taux de mortalité, produits par l’Institut de recherche agricole pour le développement. Ces géniteurs présentent des performances nettement améliorées : ils atteignent la taille de commercialisation soit 350 à 500 grammes en 5 à 6 mois, contre 8 à 9 mois auparavant, et affichent un taux de survie des alevins de 80 à 85 %, contre environ 60 % pour les anciennes souches. Chaque femelle peut produire 15 000 à 20 000 alevins par cycle, avec jusqu’à trois cycles par an. Au total, 50 écloseries ont été sélectionnées pour la phase de pré-vulgarisation. Le projet permet d’améliorer la qualité génétique des poissons produits, de renforcer l’autonomie des éleveurs et de répondre au défi national de la sécurité alimentaire.

Depuis octobre 2024, ces géniteurs distribués dans 50 écloseries pilotes ont permis de produire et de mettre à la vente plus de 115 000 alevins, destinés principalement au grossissement. Bien que cette opération soit toujours en phase de pré-vulgarisation, les premiers résultats sont très encourageants. La majorité des écloseries bénéficiaires ont signalé des performances satisfaisantes. Certains géniteurs, encore immatures lors de leur réception, ont nécessité un temps de grossissement d’environ trois mois, ce qui a été intégré dans le planning de production.

« L’appui du projet nous pousse à aller plus loin. C’est une vraie motivation pour continuer ce que nous avons commencé. Nous remercions tous les partenaires qui ont permis cette avancée. Aujourd’hui, je me sens mieux équipée pour faire de la pisciculture une activité rentable », se réjouit Fanta Njifondjou Oumarou, piscicultrice à Limbé, ville côtière au Nord-Ouest du Cameroun.

Mais le projet va bien au-delà de la simple dotation en reproducteurs. Il s’inscrit dans une vision intégrée de développement de la filière piscicole. Ainsi, 280 pisciculteurs de différentes régions du Cameroun ont bénéficié d’une formation complète sur tous les maillons de la chaîne : élevage en cages flottantes, reproduction, gestion d’écloserie, alimentation aquacole et gestion entrepreneuriale. Cette approche vise à renforcer les capacités techniques des acteurs, leur résilience économique et la qualité des produits offerts sur le marché local.

Le Projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture poursuit un objectif stratégique : accroître de 10 000 tonnes la production nationale annuelle de poissons d’ici 2027, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des importations et améliorer la sécurité alimentaire. Pour atteindre cette ambition, une mission de la Banque africaine de développement menée en avril 2025 a recommandé l’accélération de l’importation de géniteurs améliorés de clarias et de tilapias, afin d’enrichir la base génétique nationale. Au total, 15 000 géniteurs (12 000 clarias et 3 000 tilapias) sont prévus, conformément à la convention signée avec l’Institut de recherche agricole pour le développement.

Pour assurer un suivi rigoureux de l'utilisation et des performances des géniteurs, un dispositif tripartite Institut-projet-ministère de tutelle a été mis en place, en lien étroit avec les interprofessions piscicoles régionales. Des rapports techniques trimestriels, appuyés par un système numérique de collecte de données, permettent de suivre les niveaux de production, la satisfaction des bénéficiaires et l’efficacité des formations.

« Nous avons reçu des géniteurs certifiés, avec de très bons rendements. Ce sont des souches stables, qui grandissent plus vite, et qui nous évitent bien des problèmes liés à l’irrégularité et au manque de traçabilité des anciennes souches. Cela va transformer notre production », explique Hermine Kemedeu Tchuileu, bénéficiaire basée à Douala, la capitale économique.

La demande du marché, elle aussi connaît une transformation. Dans les marchés populaires et auprès des restaurateurs, les poissons issus des géniteurs améliorés de clarias séduisent par leur qualité et leur goût.

« La texture de la chair reste ferme après la braise, parce qu’il y a moins de graisse que dans les anciennes souches. La saveur attire davantage de clients et mes revenus ont nettement augmenté. », explique Mme Moukoudi Mbappé Dolie, vendeuse de poisson braisé à Douala.

La visite de terrain dans les marchés de Deïdo et Dakar à Douala, a permis de relever les conditions précaires dans lesquelles les commerçantes de poisson travaillaient. Cela a conduit à intégrer dans le projet un plan de réhabilitation ciblée des espaces de vente, notamment la construction d’infrastructures adaptées telles que les comptoirs hygiéniques, l’accès à la glace et à l’eau courante, l’érection de zones sécurisées.

« Le projet nous redonne de l’espoir. Travailler dans des meilleures conditions, ce n’est pas du luxe, c’est une nécessité. Des comptoirs propres et sécurisés vont nous aider à mieux conserver le poisson et à vendre dans la dignité. », se réjouit Marthe Epoko, vendeuse au marché de Deïdo.

Au-delà des actions immédiates, la réhabilitation en cours, des stations piscicoles de Bamenda, Yaoundé et Foumban, permettra de renforcer considérablement l’offre nationale d’alevins de qualité. Ces pôles régionaux deviendront des centres d’approvisionnement stratégiques pour des centaines de pisciculteurs dans tout le pays.

Le Projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture n’est donc pas simplement un projet de soutien ponctuel. Il constitue un véritable écosystème de développement local, ancré dans une logique de résilience, de formation, d’innovation et d’inclusion. Il s’inscrit pleinement dans la politique nationale de transformation du secteur rural.

« Nous allons assurer un accompagnement de proximité des écloseries bénéficiaires. Il est essentiel que la traçabilité, la performance des géniteurs et la qualité des alevins produits soient garanties. Ce projet est structurant pour l’avenir de notre filière aquacole », souligne Victor Viban Banah, délégué régional du ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales pour le Littoral.

Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).