Source: African Development Bank Group (AfDB) |

Assemblées annuelles 2021 : accroître le volume des financements climatiques pour renforcer la résilience de l’Afrique dans un contexte post-Covid-19

L’Afrique a besoin d’un appui massif pour s’adapter au changement climatique », Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement

L’Afrique a besoin d’un appui massif pour s’adapter au changement climatique

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 25 juin 2021/APO Group/ --

Le deuxième jour des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org) a été marqué par un panel sous le thème : « changement climatique et croissante verte ». Cette session parallèle appelée « événement de savoir » était consacrée aux enjeux de l’adaptation au changement climatique pour une croissance résiliente en Afrique après la pandémie de Covid-19.

Les intervenants ont mis l’accent sur l’urgence d’une action globale et l’augmentation des financements climatiques à la hauteur des défis et risques climatiques actuels. Les participants ont plaidé fortement en faveur des financements pour les pays africains alors que se prépare la COP26 prévue à Glasgow en novembre prochain.

« L’Afrique a besoin d’un appui massif pour s’adapter au changement climatique. » a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina. Cependant les pays africains doivent relever le double défi de rebâtir leurs économies dans un contexte post‑Covid-19, en accordant la priorité à la résilience climatique et la relance verte. « Les pays africains comptent pour moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre mais subissent les pires effets du changement climatique », a rappelé le président Adesina.  

La Banque africaine de développement a mis en place des mesures fortes en faveur de la résilience climatique dans les pays africains. Elle fait passer « la proportion de fonds alloués au changement climatique de 9% en 2016 à 35% en 2019, avec l’objectif d’atteindre 40% d’ici à fin 2021 », selon son président. La Banque, en partenariat avec le Centre mondial pour l’adaptation a, en outre, lancé un programme d’accélération de l’adaptation en Afrique et compte mobiliser 12,5 milliards de dollars supplémentaires en faveur de l’adaptation climatique. Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris en 2016, la Banque a investi 12,3 milliards de dollars dans des actions liées au climat et s’engage à mobiliser 25 milliards de dollars de financement climatique pour l’Afrique d’ici à 2025, en accordant la priorité à l’adaptation climatique, a expliqué M. Adesina.

Au niveau mondial, la proportion du financement climatique consacrée à l’adaptation est passée de 37% en 2016 à un niveau record de 63% en 2020.

L‘ancien secrétaire général des Nations unies, Ban ki Moon, président de l’Institut mondial pour la croissance verte (Global Green Growth Institute) a mis l’accent sur le contexte difficile mais rappelé la nécessité d’agir, car « l’échec serait une tragédie ». Selon lui, l’Afrique doit saisir les opportunités pour accélérer sa transformation soucieuse de l’environnement et verdir son économie. Elle devrait aussi utiliser des technologies propres pour créer des emplois verts, améliorer les solutions axées sur la nature et promouvoir l’agriculture intelligente qui soutiendra les petits planteurs.

Le directeur général du Fonds vert pour le climat, Yannick Glemarec a affirmé que « le Fonds vert pour le climat s’est engagé à allouer 50% de ses ressources au financement de l’adaptation. » La difficulté sera cependant d’augmenter les investissements climatiques sans accroître l’endettement des pays. Une des solutions serait de réduire ou d’abattre les barrières d’investissement car, « les pays ayant une politique d’énergie verte attirent 7% de plus d’investissements ».

Mais prévient M. Glemarec, « Une transition rapide vers une économie résiliente à effet climatique zéro nécessitera beaucoup plus d’investissements qui traitent des impératifs humanitaires, de l’inclusion sociale et de la réduction de la pauvreté ».

Amina Mohammed, secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Nations unies et présidente du Groupe des Nations unies pour le développement durable a souligné que l’Afrique dépense déjà 5% de son PIB, soit 335 millions de dollars par an pour répondre aux catastrophes climatiques. « La reprise post‑covid-19 de l’Afrique doit être inclusive et prendre en compte les 600 millions d’Africains qui sont dans une insécurité énergétique », a affirmé Amina Mohammed.

La question des solutions innovantes pour attirer des financements verts a été soulevée par les participants. À ce titre, Naadir Hassan, ministre de la Planification économique et du Commerce des Seychelles a indiqué que son pays a acquis 21 millions de dollars de sa dette qui ont été redirigés vers un fonds fiduciaire pour être utilisés dans des projets d’adaptation ; le pays a également lancé l’émission d’une première obligation bleue.

Alok Sharma, président de la COP26, a insisté sur le respect des engagements financiers car, les résultats sur l’adaptation climatique dépendront des fonds effectivement collectés. « Nous devons être à la hauteur des 100 milliards de dollars par an promis aux pays en développement jusqu’en 2025, a indiqué Rt. Hon. Alok Sharma. Et cela veut dire actions urgentes. Les pays se sont engagés à accroître les fonds climatiques, le Canada s’est engagé pour 5,3 milliards de dollars canadiens, le Japon pour 6,3 trillions de yens d’ici à 2025, et l’Allemagne 6 milliards d’euros d’ici 2025 », a-t-il détaillé

Patrick Verkooijen, président du Centre mondial pour l’adaptation climatique, a réitéré son ambition pour la mise en œuvre du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA). « Le PAAA doit mobiliser 25 milliards dans les cinq prochaines années. L’engagement mondial est de 100 milliards, c’est beaucoup d’argent mais c’est réalisable », a-t-il soutenu. Enfin il a souhaité voir beaucoup plus de recyclage des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international vers des actions d’adaptation.

Dans un continent africain où 60% de la population a moins de 25 ans, la voix des jeunes, pour un futur plus vert a été portée par Ayobami Adedokun, du Nigeria a plaidé pour un environnement sain sans monoxyde de carbone. Christopher Mara du Kenya, lui emboîtant le pas, milite pour des environnements et des emplois plus verts.

Le secrétaire d’État pour le développement international de la Norvège, Aksel Jakobsen et Mme Patricia Fuller, ambassadrice pour le changement climatique du Canada ont plaidé pour un renforcement des fonds climatiques et pour l’atteinte des objectifs fixés pour un avenir plus durable.

La Banque africaine de développement investit massivement dans les énergies renouvelables. Elle finance des projets pour soutenir la transition énergétique et la croissance verte. Ainsi, en est-il du Projet d’énergie éolienne du lac Turkana de 70 mégawatts, projet éolien le plus important en Afrique subsaharienne ; de l’Initiative « Desert to power » qui compte produire 10 gigawatts pour fournir l’électricité à 250 millions de personnes au Sahel ; sans oublier la Grande muraille verte qui prévoit construire un mur vert du Sénégal à l’Ouest à Djibouti à l’Est pour protéger le Sahel de la désertification en régénérant le poumon climatique de l’Afrique. Quelques 6,5 milliards de dollars devraient être mobilisés pour ce projet.

La COP 26 prévue à Glagow reste un point de repère important, selon les participants, mais pour le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina, « pour que la COP 26 soit un succès, elle doit aboutir à des financements concrets. La promesse de 100 milliards de dollars par an de financements climatiques faites aux pays en développement il y a presque dix ans doit être tenue », a-t-il insisté. 

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